« Au Bout Du Champ » donne à manger aux franciliens, les paysages de l’Île-de-France

Interview avec Joseph Petit, président et fondateur d’Au Bout Du Champ (ABDC)

Bonjour Joseph, peux-tu nous présenter Au Bout Du Champ ?

Tout a commencé à Levallois-Perret en 2013. A l’époque le premier format d’ABDC était très différent de sa forme actuelle puisque c’était un distributeur automatique de paniers de producteurs. Devant le succès de ce premier point de vente, nous en avons développé d’autres, sous un format de retail plus classique, avec du personnel en magasin. La spécificité de notre démarche est que 100% de nos produits proviennent de l’Île-de-France, et sont ultra-frais. Cueillis le matin même, vous retrouvez les produits l’après-midi dans le magasin. Nous travaillons avec 70 à 80 producteurs, sur les fruits et légumes uniquement. Et nous sommes en train de nous diversifier vers la viande, la crèmerie, le pain pour pouvoir fournir des paniers plus complets.
Peux-tu nous parler un peu de la logistique ? Comment faites-vous pour avoir de l’ultra-frais en continu ?

Nous avons internalisé 100% de la logistique. Tous les matins vers 7h, la récolte est faite chez nos producteurs partenaires. La marchandise est acheminée dans la matinée par 15 camions dans nos 3 entrepôts, avant d’être redistribuée vers les magasins en début d’après-midi. Un entrepôt sert environ 5 points de vente. Notre succès tient aussi au système de gestion de commandes et de tournées que nous avons intégralement développé en interne. Nous sommes en capacité de gérer une diversité de façon de s’interfacer avec nos producteurs. Certains nous préviennent par SMS, d’autres non. Parfois la production fournie n’est pas conforme à ce qui est attendu car il a beaucoup plu la veille. Ce sont les aléas de notre métier, avec lesquels nous composons en permanence. 
Comment réagissent tes clients lorsqu’ils ne trouvent pas de tomates en décembre ou de fraises ?

Tout l’enjeu de notre modèle repose sur la pédagogie. C’est aussi pour ça que le point de vente, et le personnel sont clés. Ce sont nos équipes qui sont en contact avec nos clients, et qui peuvent expliquer ce qu’il se passe. Cette année avec le gel tardif et les fortes pluies par exemple, nous n’avons eu des fraises que très tardivement. Nous devons nous reconnecter au cycle des saisons, et ça petit à petit les clients le comprennent. Nous avons même eu un succès inattendu sur le chou de Bruxelles, ce produit mal-aimé qui rappelle à tous des mauvais souvenirs de la cantine. Mais servi frais, juste bouilli dans l’eau avec un peu de beurre c’est délicieux, et nos clients en redemandent. Un maître-mot, le bon-sens paysan. Nous travaillons avec des producteurs qu’ils soient en agriculture paysanne, labellisée Bio ou ultra raisonnée. Ce qui compte, c’est le développement et la pérennisation de l’agriculture paysanne sur le territoire. Nous nous engageons sur des volumes à l’année pour sécuriser les producteurs, et ne les mettons pas en concurrence. Il peut nous arriver également de financer de la trésorerie pour un producteur, afin de l’aider dans son développement. Nous considérons les producteurs comme des partenaires, et pas uniquement des simples fournisseurs, ça fait toute la différence.
Où en êtes-vous dans votre développement et quelles sont les prochaines étapes ?

Aujourd’hui nous avons ouvert 12 points de vente en propre, et nous ouvrons des corners dans les magasins Truffaut en Île-de-France. Nous avons pour objectif d’avoir implanté 25 à 30 corners chez Truffaut d’ici 3 ans. Nous diversifions aussi notre offre produit comme je le disais en introduction, vers le pain, la crèmerie et la viande. Nous envisageons de nous développer sur d’autres marchés, tels que la restauration collective par exemple. Et enfin, nous étudions la possibilité d’intégrer des activités de transformation (conserverie). Pourquoi ? En Ile-de-France, la belle saison est de début mai à mi-octobre (carottes nouvelles, oignons-bottes, melons), tout arrive en même temps, notamment juillet-août mais c’est là que les clients partent en vacances. Donc le surplus est transformé en jus de tomate, en ratatouille, mais aujourd’hui le goulot d’étranglement est sur la conserverie. Saviez-vous qu’il n’y a qu’une seule conserverie en Île-de-France (Conserverie Charles Derungs) et que celle-ci croule sous les commandes. Nous pourrions développer la nôtre pour nos propres besoins.

L’avis de FoodBiome

Au Bout Du Champ restaure le lien alimentation-territoire, car l’enseigne nous donne à manger le terroir et les paysages de l’Île-de-France. L’entreprise s’attaque à plusieurs défis clés qui permettent de changer l’échelle des circuits de proximité. Premièrement, ABDC organise la collecte des productions locales et la consolidation des flux logistique pour l’ensemble de ses producteurs. Deuxièmement ABDC éveille ses clients à la saisonnalité en agriculture et remet au goût du jour des légumes mal-aimés ou oubliés. Troisièmement, ABDC transformera peut-être demain les productions dans sa conserverie en soupes, jus, conserves, pour permettre de valoriser toutes les productions y compris les hors-calibres ou produits difformes. En partant des contraintes du producteur, et en se mettant à son service, ABDC a réussi à construire un modèle intégré du champ à l’assiette, qui ne demande qu’à se développer sur d’autres verticales produits après les fruits et légumes.

En savoir plus sur Au Bout Du Champ, visitez leur site.

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