Entretien avec Frédéric Bonomo, fondateur et Président de C.Q.F.D.
Bonjour Frédéric, pouvez-vous nous parler de la genèse de votre projet ?
Bonjour, oui bien sûr.
L’idée du projet est née il y a deux ans et demi. Après avoir suivi une formation en cuisine, j’ai travaillé dans le monde de l’hôtellerie pour de grands groupes où j’ai évolué jusqu’à des postes de directeur général. J’ai également tenu mon propre restaurant pendant quelques années.
Suite à ces expériences, j’ai eu envie de revenir à ma passion des bons produits et construire un projet qui soit en accord avec mes valeurs, mes engagements environnementaux et qui oeuvre en faveur d’une cuisine de qualité.
En observant le marché et suite aux lois Egalim, je me suis demandé autour de quel produit je voulais élaborer une marque. Je le voulais bio et local, deux attributs qui me semblent devoir aller de pair. De par mes origines italiennes, c’est assez naturellement que je me suis tourné vers les pâtes. Je me suis donc intéressé à la culture du blé dur en Île-de-France, assez peu développée finalement, et ai compris que la structuration d’une filière régionale avait de vrais enjeux et offrirait de nouveaux débouchés aux agriculteurs. Le projet de développer une offre de pâtes alimentaires locale était donc porteur de sens.
Vous avez commencé à commercialiser vos produits en septembre dernier ; quelles ont été les grandes étapes qui ont permis ce lancement ?
Pour mener à bien ce projet, j’ai dû m’entourer pour aller à la recherche de la matière première, la semoule de blé dur. Je me suis alors rapproché des Moulins Bourgeois, une meunerie qui traite principalement du blé tendre mais qui souhaitait étendre son activité. J’ai découvert qu’un projet de création d’une unité de pâtes alimentaires avait déjà été amorcé par la Coopérative Bio Ile-de-France. J’ai donc décidé de me joindre à eux afin de structurer une filière de blé dur bio dans la région. Des agriculteurs ont adhéré au projet, et les Moulins Bourgeois se sont engagés pour assurer la transformation de ce blé dur en semoule.
Pour pallier le problème de stockage et dimensionner le projet plus solidement, nous nous sommes rapprochés de la Coopérative agricole Ile-de-France Sud. Ensemble, nous avons fait appel au Fonds Avenir Bio, à la région et à des investisseurs convaincus, et nous sommes parvenus à obtenir des financements nous permettant de lancer la construction d’une unité de production agroalimentaire et la fabrication.
Une phase de recherche et développement autour des semences, des ingrédients, des taux de protéines et de la granulométrie de la semoule nous a permis d’obtenir un produit avec une typicité régionale, un goût et une tenue qui répondrait aux attentes de nos clients, notamment des collectivités.
Quels sont pour vous les freins à lever pour une adoption plus large de vos produits ?
Nos clients sont des entreprises de la restauration collective et commerciale, des épiceries fines et des magasins bio. Nous vendons aussi en direct à l’atelier et sur internet et pensons développer une gamme destinée à la grande distribution.
Notre défi principal réside ainsi dans notre capacité à convaincre nos clients et les consommateurs de la valeur ajoutée de nos produits, tant en termes de qualité, de praticité que de durabilité.
La commercialisation de nos pâtes a démarré dans un contexte économique difficile et une baisse de la consommation de produits bio par les ménages. Avec les coûts qui augmentent sur beaucoup de produits, les collectivités qui étaient convaincues par notre projet tendent aujourd’hui à se questionner quant à leurs achats.
Nous sommes pourtant certains que notre solution permet de pallier la hausse des prix. Ce sont de nouveaux équilibres nutritionnels à rechercher, et il faut pour cela parvenir à transformer des réflexes alimentaires ancrés.
Nos pâtes, parce qu’elles sont extrudées au bronze, requièrent d’abord un temps de cuisson particulièrement court (entre 4 et 8 minutes selon les formats), ce qui peut représenter un gain de temps intéressant pour la restauration collective.
Par ailleurs et surtout, nos produits sont nutritionnellement plus intéressants que les pâtes industrielles, car nous utilisons des techniques de séchage plus douces qui préservent les nutriments et le goût du blé dur.
Pourriez-vous nous partager quelques unes de vos perspectives de développement ?
Nous menons un certain nombre de projets qui gravitent autour de la création de nouvelles gammes et de partenariats pour développer des produits variés dans l’univers de la pâte. Notre objectif est de proposer une expérience complète autour des pâtes, c’est pourquoi nous fabriquons des sauces à associer à celles-ci.
Comme mentionné précédemment, nous concevons de nouvelles recettes de pâtes aux légumineuses (pois cassés, lentilles et pois chiches) et aux légumes ; des produits très intéressants du point de vue gustatif et nutritionnel. Nous élaborons aussi en interne des recettes de sauces et de ravioles, et sommes pour cela en lien avec les Jardins de Cocagne qui cultivent des légumes en permaculture bio à quelques centaines de mètres de chez nous.
Les pâtes aux légumineuses procurent un apport en protéines permettant de remplacer la viande ou les produits simili-carnés qui sont souvent onéreux. En mélangeant blé dur et légumineuses, nous parvenons à atteindre des tarifs intéressants et proposer des repas végétariens riches, abordables et à l’impact environnemental limité.
Nous avons également le souhait de collaborer avec des Chefs et de travailler à façon pour développer des recettes uniques qui s’adaptent à leurs envies et à leur créativité.
Enfin, nous avons organisé une première visite avec des enfants et souhaiterions étendre ce concept en proposant des ateliers découverte pour les scolaires. Nous utilisons une petite extrudeuse afin de fabriquer des pâtes avec les enfants et partager le savoir-faire qu’il y a derrière ce produit de tous les jours.
L’avis de FoodBiome :
C.Q.F.D. est une marque emblématique de la mise à l’honneur de filières bio en circuit-court. Leurs produits, confectionnés à base d’ingrédients bio et locaux issus d’une agriculture responsable, permettent de renforcer la résilience alimentaire et la prospérité économique d’un territoire, tout en offrant au consommateur des mets de qualité.
Ce projet correspond typiquement à notre vision d’une alimentation de qualité vecteur de lien et de sens. Par son projet pédagogique, C.Q.F.D.ancre aussi l’artisanat alimentaire dans le quotidien de ceux qui auront la chance de les rencontrer. L’entreprise nous éveille ainsi, et nous permet de mieux comprendre d’où viennent ces produits que nous croyons connaître.
Pour en savoir plus sur C.Q.F.D., visitez leur site internet !
