L’agro-système résilient et régénératif d’Angus de Sologne

Il est bientôt 10h quand Franck Baechler nous accueille dans sa ferme de Dhuizon, en cette fraîche matinée de juillet. La pluie se faisait attendre sur les pâturages de cette commune du Loir-et-Cher, où Franck élève un petit troupeau de bovins et d’ovins viande, en agriculture régénérative.

Ancien conseiller à la Chambre d’Agriculture, il a décidé de s’installer sur ces 70 hectares en 2019, pour mettre en œuvre ces pratiques agricoles respectueuses des sols et du vivant.

Franck et son élevage
Franck et son cheptel de brebis (Source : page facebook Angus de Sologne)

“L’objectif de l’agriculture régénérative c’est de régénérer les sols, c’est-à-dire d’accroître leur teneur en matière organique pour améliorer leur fertilité, afin que tout ce qui pousse dessus par la suite soit en bonne santé. Pour la mettre en place, il faut y introduire trois animaux : du bétail, des vers de terre et des abeilles”.

Le bétail, c’est une fantastique “machine à stocker du carbone sur pattes”, nous explique Franck. Il pâture les prairies et couverts végétaux, dépose ses déjections, et stimule ainsi la production de biomasse, ce qui contribue à augmenter la teneur en matière organique du sol.

L’élevage de sa ferme se compose aujourd’hui d’une vingtaine de bovins de race Angus (10 mères et 16 petits), et d’une centaine d’agneaux et de brebis Solognotes. Ce sont des races rustiques qui peuvent rester en extérieur toute l’année et s’adaptent très bien au sol et au climat de Sologne. Pour se nourrir, ils pâturent toute l’année des couverts et méteils diversifiés (triticale, vesce, pois fourrager, colza oléagineux…), cultivés en rotation avec des céréales destinées à l’alimentation humaine, comme le maïs grain. “Avoir des animaux au sein des systèmes céréaliers est très intéressant, car ils valorisent les échecs de production en consommant les parcelles dont le rendement n’est pas suffisant pour être récolté” nous explique Franck. Il a mis en place un système de pâturage tournant dynamique sur 10 hectares : “Cela consiste à mettre beaucoup d’animaux sur des petites surfaces pendant un temps très court, et de les déplacer régulièrement pour laisser le temps à la pâture de se régénérer”.

En plus des bovins et ovins, Franck élève deux séries de 150 poulets de chair à l’année, dans des poulaillers mobiles qui sont déplacés régulièrement pour fertiliser les différentes parcelles. 

Elevage de Franck
(Source : site internet Angus de Sologne)

« Ensuite, pour construire les sols, il faut également des vers de terre” poursuit Franck. Ils se nourrissent grâce au résiduel que les animaux laissent pendant leur pâturage, et on protège leur habitat par la pratique du semis direct, c’est-à-dire le semis sans labour.

Enfin, pour équilibrer les écosystèmes, les abeilles et insectes pollinisateurs sont fondamentaux. Les fleurs et plantes mellifères sont cultivées autant que possible, pour amener de la biodiversité et limiter, au moins pour partie, les problèmes d’infestation de ravageurs.

Les bêtes, les plantes, les vers de terre, les insectes… Toute cette diversité permet d’obtenir la meilleure qualité de sol possible, et maximise son processus de régénération.  

Afin de faciliter la gestion des ressources de leurs exploitations respectives, Franck et ses voisins agriculteurs ont constitué un groupe d’entraide, qu’ils appellent communauté d’intérêt. “Nous louons la plupart des outils des uns et des autres, faisons pâturer nos bêtes dans les parcelles voisines, accueillons une structure de compostage qui travaille dans la même philosophie… Cela nous permet d’économiser du temps, des moyens et beaucoup d’énergie. Nous sommes tous souverains de notre propre système, mais avançons dans la même direction.”

Logo
(Source : site internet Angus de Sologne)

Aujourd’hui, Franck valorise 100% de sa production en vente directe, auprès de particuliers et de restaurateurs.

“Mes bêtes sont abattues et transformées dans le département. Je travaille avec un transformateur du côté de Vierzon pour les caissettes, et une conserverie dans la Sarthe. Nous sommes en réflexion avec les communautés de communes sur le développement d’un petit outil mutualisé pour permettre à d’autres éleveurs de diversifier leurs débouchés localement.”

C’est avec beaucoup de fierté qu’il nous explique les choix qu’il a fait pour valoriser ses productions. “Il me tient à cœur de maîtriser le devenir de mes bêtes d’un bout à l’autre de la chaîne, et de les faire transformer et distribuer localement. Je prends le temps de livrer mes clients personnellement et je communique beaucoup sur mes pratiques afin qu’ils aient conscience de l’impact positif qu’ils ont pour le territoire en choisissant Angus de Sologne. Au delà de consommer un excellent produit, ils mangent une viande qui a permis de construire et fertiliser les sols, de stocker du carbone, qui a contribué à nourrir les abeilles, les vers de terre, et participe ainsi à limiter les problèmes de réchauffement climatique. J’aimerais qu’ils puissent avoir pleinement conscience de tout cela.”

De beaux projets continuent d’émerger pour Franck et sa ferme. A l’automne dernier, l’équivalent de 230 arbres ont été plantés sur l’exploitation, dans le cadre d’un projet d’agroforesterie. “C’est un travail qui a duré deux ans, et que nous avons pu mettre en place grâce au soutien de l’association Des Enfants et des Arbres, et quelques élèves de l’École d’Agroécologie Voyageuse. Nous avons planté deux haies de 85 m de long, avec des saules, des peupliers, des tilleuls… tout un tas de variétés d’arbres fourragers, pour apporter de l’ombre, favoriser la biodiversité et permettre aux animaux de s’alimenter”.

Agroforesterie
Plantation des arbres dans le cadre du projet d’agroforesterie (Source : site internet Angus de Sologne)

A moyen-terme, l’objectif est que d’autres agriculteurs puissent s’installer et venir enrichir tout cet écosystème collaboratif, en particulier un maraîcher, et pourquoi pas quelqu’un en charge d’un atelier spécifique de poules pondeuses.

Toutes ces démarches donnent de l’énergie et beaucoup de sens à notre action au sein de FoodBiome, de recréer du lien entre l’alimentation et son territoire. Au travers de leurs pratiques, Franck et son écosystème d’agriculteurs engagés coopèrent en faveur d’un modèle alimentaire plus vertueux, de la production à la distribution. Les animaux élevés ici font partie intégrante d’un agro système résilient et régénératif qui contribue à produire un maximum de biomasse, construit la fertilité et remet les sols du territoire en santé. Mettre en place de telles pratiques d’élevage, c’est sublimer le terroir de Sologne et ses spécificités, au travers d’une viande millésimée en lien très fort avec la Terre.

Pour en savoir plus et découvrir les produits Angus de Sologne, visitez le site internet de Franck Baechler.

Partagez notre article