Bene bono revalorise les produits bio en réduisant le gaspillage

Entretien avec Sven Ripoche, cofondateur de Bene Bono.

Bonjour Sven, peux-tu nous parler de la genèse du projet Bene Bono ? 

Bonjour Jeanne, avec plaisir. 

Notre projet s’est bâti progressivement autour d’une volonté forte : avoir un impact environnemental tangible dans le domaine de l’alimentation, qui nous anime particulièrement. 

Cet objectif nous a très vite conduits à l’immense défi que représente le gaspillage alimentaire, responsable de 8 % à 10 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Cette statistique vertigineuse nous a donc poussés à nous concentrer sur ce sujet. 

Les émissions liées au gaspillage alimentaire sont équitablement réparties entre l’amont (production et transformation) et l’aval (distribution et consommation) de la filière. En étudiant les différents outils proposés aux acteurs de la filière alimentaire, nous avons constaté que plus de solutions avaient été développées sur la partie aval. En effet, des entreprises telles que Phénix et TooGood ToGo permettent de limiter les pertes survenant au cours de la distribution, et de nombreux acteurs s’attellent à la sensibilisation des consommateurs pour limiter les pertes à la maison. 

Notre attention s’est ainsi plutôt portée sur la phase amont, pour laquelle il nous a semblé que les solutions étaient plus limitées. Contrairement à la distribution, la distance entre le lieu où les denrées sont produites et potentiellement perdues et le lieu où elles pourraient être “sauvées” nous a poussés à nous concentrer sur la création de lien entre producteurs et consommateurs. 

Notre volonté de nous engager sur le plan social est apparue dans un deuxième temps, mais de manière évidente. Le fait de travailler en direct avec les producteurs, de leur proposer une nouvelle source de revenu tout en offrant à des citadins un accès à des produits bio, de qualité, à un prix réduit, représentait un cercle vertueux que nous voulions entretenir. Nous travaillons aujourd’hui constamment sur ce volet, et employons de plus en plus de personnes en insertion pour la préparation de nos paniers. 

Quelle est votre activité aujourd’hui ? 

Nous proposons un service hebdomadaire de livraison de paniers de fruits et légumes en points relais ou à domicile. Ce sont des produits bio, frais et cultivés en France, mais qui ne respectent pas les standards de la distribution, que ce soit par leur forme ou leur poids. Nous travaillons en circuit-court, c’est-à-dire en direct avec des producteurs ou des groupements de producteurs, sans passer par des intermédiaires. Notre modèle est gagnant-gagnant, puisque nous proposons une source de revenus complémentaire à nos partenaires, et vendons des produits de qualité 40 % moins chers qu’en magasin bio.

Nous proposons six formats : des paniers mélangeant des fruits et des légumes, de 4 ou 8 kg, et des paniers de fruits, ou de légumes, de 2 et 4 kg. Nos clients choisissent chaque semaine s’ils veulent recevoir leur panier ou non, et l’abonnement est résiliable à n’importe quel moment. Nous développons également un service d’épicerie à glisser dans les paniers, à travers lequel nous vendons des produits écartés des circuits de distribution à cause de dates d’expiration trop rapprochées, ou d’erreurs d’étiquetage par exemple. 

Produits Bene Bono (source : site internet Bene Bono)

Nous avons calculé la quantité d’émissions de gaz à effet de serre évitée par un foyer de 2 personnes consommant nos produits, et sommes arrivés à 100 kg, pour 170 kg de fruits et légumes consommés par an en moyenne !

Comment s’organise votre relation avec les producteurs ?  

Nous sommes en lien avec 300 producteurs répartis sur tout le territoire métropolitain et travaillons en direct et via les coopératives agricoles, grâce auxquelles nous nous sommes fait connaître plus rapidement.

Cette couverture territoriale, qui nous permet d’offrir à nos clients des produits variés, nous responsabilise également car il nous faut trouver des débouchés pour tous ces produits. Les producteurs font en moyenne appel à nous toutes les 3 ou 4 semaines, et notre organisation nous permet d’avoir une visibilité suffisante pour assurer nos livraisons de manière fiable. Il ne nous reste que très rarement des produits sur les bras que nous donnons à ANDES (l’association nationale de développement des épiceries solidaires), dont nous partageons le combat. 

Carottes Bene Bono (source : site internet Bene Bono)
Localisation des producteurs fournissant les produits Bene Bono (source : site internet Bene Bono)

Comment voyez vous l’évolution de Bene Bono à moyen terme ? 

Notre objectif principal est de continuer à distribuer nos paniers au plus grand nombre. Notre action n’est cependant pertinente que dans les zones densément peuplées, où nous pouvons nous appuyer sur un maillage de points relais qui nous permettent de rentabiliser nos déplacements à partir de nos sites de réception et de préparation de paniers. En zone rurale, les marchés de producteurs nous semblent plus à même de vendre les produits “hors normes” en direct. 

Nous continuons donc notre déploiement dans les villes, et imaginons, pourquoi pas, une présence dans les pays voisins dotés de zones de production ; nous étudions actuellement le projet en Espagne, dans la région de Madrid. 

De manière plus générale, nous souhaitons garder une proximité forte avec nos clients pour que notre offre corresponde à leur besoin. Nous réfléchissons à des modèles plus adaptables à partir des constats que nous dressons. Par exemple, nous avons remarqué que les gens mangent moins de fruits en hiver et que certains préfèreraient avoir proportionnellement plus de légumes ; ce sont des pistes de réflexion que nous menons.

Exemple de sollicitation directe de ses clients par Bene Bono (source : blog de Bene Bono)

L’avis de FoodBiome

La solution apportée par Bene Bono résonne parfaitement avec notre conception d’une alimentation responsable permise par une chaîne alimentaire circulaire, équitable et durable. 

En redonnant de la valeur à des produits de qualité délaissés sans raison par la distribution, Bene Bono assure aux agriculteurs des débouchés variés et permet aux acheteurs d’avoir accès à une offre diversifiée. 

Elle permet aussi une reconnexion des citadins à la réalité du monde agricole, grâce une reconnexion à la saisonnalité et à la valorisation des productions de nos territoires. 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet de Bene Bono !

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