Baluchon : la convergence de la transition alimentaire et de l’inclusion sociale

Entretien avec Louise Fourquet, co-fondatrice de Baluchon.

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Bonjour Louise, peux-tu nous présenter le concept de Baluchon ?

Avec plaisir ! Nous sommes une entreprise labellisée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale), qui s’est fixée pour objectif de favoriser la création d’emploi pour les personnes en difficulté issues de quartiers prioritaires tout en rendant accessible une alimentation saine et durable.

Nous avons démarré en 2012 dans la Cité Marcel Cachin de Romainville (93) avec notre activité de traiteur-évènementiel, où nous préparions des plateaux repas pour les entreprises franciliennes et les personnes en situation de précarité. Cela nous a permis d’initier les parcours d’insertion, et de contribuer au renouveau et à l’activité économique d’un quartier politique de la ville.

Depuis, nous avons diversifié nos activités, et pilotons désormais en parallèle un incubateur de projets, pour accompagner les entrepreneurs à développer des business à impact. Nous avons notamment contribué à l’émergence de la marque solidaire Re-belle, qui développe des confitures anti-gaspi à partir de fruits invendus, avec du personnel en insertion.

Une activité plus récente est le développement de notre marque “Le Radis” (Restauration Anti-gaspi à Double Impact Social) en Île de France. Le principe ? Nous collectons des invendus issus de la GMS et de grossistes tel que MÉTRO, et les transformons dans nos cuisines pour approvisionner les centres d’accueil et d’hébergement d’urgence. A ce jour, cela représente près de 600 repas quotidiens.

De manière générale, nos activités sont très modulables et s’adaptent aux opportunités économiques et aux besoins que le territoire présente. Nous sommes principalement présents en Île de France, mais commençons à essaimer nos modèles, notamment dans les Hauts de France.

Quelle importance accordez vous au sourcing dans vos activités de restauration ?

Au travers de nos activités, nous ne souhaitons pas seulement créer des emplois sur le territoire, mais également permettre à l’agriculture locale de vivre en lui offrant des débouchés.

Nous mettons un point d’honneur à cuisiner des produits ultra-frais, majoritairement sourcés en circuit-court et dans un rayon de 200 km. Les seuls intermédiaires que nous pouvons avoir sont les coopératives ou les grossistes locaux qui agrègent l’offre et facilitent sa distribution. Nos cartes sont courtes, pensées en fonction des produits de saison, et nous favorisons les produits labellisés : 70% de nos légumes sont bio par exemple. Ecotable nous accompagne dans notre stratégie de sourcing, et nous essayons constamment d’améliorer nos pratiques.

La notion d’anti-gaspi nous tient également beaucoup à cœur. “Le Radis” transforme et redonne de la valeur à des produits alimentaires initialement jetés, et nous essayons de limiter au maximum la vaisselle à usage unique de l’activité traiteur en proposant des options zéro-déchets dans nos menus (bouchées sans couverts, légumes à croquer…).

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La Bridage'22 Hauts de France (Source : page Facebook de Baluchon)

Quels parcours proposez-vous au sein de l’incubateur ?

Les programmes d’accompagnement ont toujours été très flexibles et s’adaptent à chaque territoire et porteurs de projets. Nous avons spontanément commencé en hébergeant la production des confitures Re-belle à Romainville, en constatant le manque de technicité et de moyens auxquels étaient confrontés les entrepreneurs au démarrage de leur activité.

Depuis, l’offre s’est structurée. Nous accompagnons aujourd’hui les créateurs d’entreprises culinaires issus des quartiers prioritaires, et les entrepreneurs sociaux de l’alimentation durable, au sein de trois programmes d’incubation :

  • L’intégration au sein de brigades, grâce auxquelles ils ont accès aux cuisines professionnelles Baluchon et partenaires
  • Un programme d’accompagnement qui intervient très en amont de la création des projets
  • Une programme plus resserré, correspondant plutôt à la partie accélération du business

Pour vous donner quelques exemples, nous avons accompagné Le Paysan Urbain (qui développe des projets d’agriculture urbaine en insertion), lauréat de l’appel à projet Les Parisculteurs, dans leur stratégie de déploiement et leur ancrage territorial.

Parmi nos promos les plus récentes, nous travaillons avec la cuisine de Jeannette du côté de Lille, qui confectionne des compotes et soupes anti-gaspi en travaillant avec des personnes en situation de handicap.

(Source : page Facebook de Baluchon)

Peux-tu nous parler de votre modèle d’Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale ?

Nous souhaitons redynamiser les territoires par l’insertion, et créer de l’emploi dans des quartiers socialement et économiquement fragiles, où la demande est forte. Nous nous adressons aux personnes éloignées de l’emploi, ou en décrochage scolaire, que nous recrutons, formons et accompagnons, jusqu’au retour à un emploi classique. Ce sont des profils qui débordent d’enthousiasme, d’envie d’apprendre et d’entreprendre, et nous sommes fiers d’en compter aujourd’hui une cinquantaine au sein de nos parcours.

En plus de créer de l’emploi, nous participons au développement local des quartiers, en intervenant auprès d’écoles pour éduquer et sensibiliser à la bonne l’alimentation, notamment au travers d’ateliers de cuisine, et pour faire découvrir tous ces métiers de la restauration.

Comment est né Baluchon ?

L’idée d’origine vient de notre ancien président, François Dechy, qui était banquier en finance solidaire. Il avait déjà accompagné par mal d’entreprises engagées, et a éprouvé l’envie de passer à son tour du côté de l’entrepreneuriat. A ce moment-là je travaillais dans la coopération culturelle internationale, mais je souhaitais m’orienter vers les métiers de l’ESS. Nous étions tous deux animés par une envie commune : œuvrer en faveur d’une alimentation plus durable, tout en contribuant au rééquilibrage territorial et social de quartiers prioritaires. Nous avons donc démarré Baluchon sous un statut associatif en 2012, puis avons développé nos autres services commerciaux par la suite.

Quels sont vos futurs projets de développement ?

Au même titre que les autres acteurs de l’évènementiel, nous avons été pas mal secoués par les récentes crises sanitaires et économiques, et avons dû nous réinventer au cours des deux dernières années. Nous avons clôturé en juillet une levée de fonds destinée aux activités commerciales de Baluchon, notamment pour développer l’activité traîteur du côté de Lille et les restaurants d’entreprise dans les Hauts de France. Nous souhaitons également renforcer nos offres existantes en Île de France, et commençons à être appelés par d’autres territoires, notamment du côté de la Nouvelle Aquitaine. L’objectif serait de doubler notre masse salariale d’ici 2025.

L’avis de FoodBiome : 

Baluchon accélère la transformation des territoires en intégrant au travers de toutes ses activités une dimension sociale et écologique. Plus qu’un traiteur solidaire, ils contribuent à restaurer le lien alimentation-territoire en offrant des débouchés aux productions locales pour la restauration sous toutes ses formes, favorisent les business à impact et les pratiques agricoles durables. Nous ne pouvons qu’encourager ce type d’initiative, très alignée avec les valeurs de FoodBiome.

En savoir plus sur Baluchon, visitez leur site internet.

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