Nona aide les cantines à améliorer leurs approvisionnements

Entretien avec Louis Sibille, cofondateur de Nona.

Bonjour Louis, peux-tu nous présenter le concept de Nona ?

Nona est un logiciel Saas qui aide les cuisiniers et gestionnaires de restauration collective à concevoir un menu durable. L’outil permet de concevoir simplement ses menus à partir de 2000 fiches techniques en respectant les règles nutritionnelles, les objectifs de la loi Egalim et bien-sûr les contraintes de budget. Cette souplesse permet aussi de s’adapter aux opportunités d’approvisionnement locales et d’adapter le menu à la disponibilité et aux prix des produits de saison.

A partir de la conception du menu, Nona facilite de nombreuses tâches pour le gestionnaire : gestion des commandes, génération des documents de production, communication automatisée aux convives (papier ou digital), suivi budgétaire, édition de tableau de bord (indice de saisonnalité, budget, nutrition, loi Egalim… ).

Nona existe dans une version gratuite (“P’tit chef”) pour les toutes petites cuisines et dans une version payante (“Master chef”) pour les cuisines plus importantes. Nous ciblons essentiellement les sites de restauration autogérés qui sont très mal équipés en terme informatique.

Chef

D’où vient l’idée de ce projet ?

Nona est née d’un projet d’étude universitaire transverse (Science Po, Télécom Paris, Strate) que j’ai mené avec Arthur. Nous souhaitions faciliter une transition alimentaire pour tous et nous nous sommes naturellement intéressés à la restauration scolaire qui concentre un formidable potentiel d’impact. Nous avons réalisé 300 entretiens métiers avec des cuisiniers et gestionnaires de restauration collective et avons constaté de nombreuses disparités sur l’approvisionnement en produits durables et locaux au sein des territoires. L’origine de ces disparités n’est pas liée au budget des denrées mais à la gestion interne des différentes cantines scolaires : gestion du menu, effectifs, gaspillage … Nous avons alors souhaité permettre à chaque cuisinier de gérer son établissement de manière plus efficace pour proposer des produits plus durables.

Le secteur nous a passionné et suite à cette étude, Arthur et moi avons décidé de créer Nona en août 2021 pour résoudre les freins que nous avions identifiés.

Qu’est-ce qui vous différencie d’autres solutions informatiques à destination de la restauration collective ?

Des solutions sophistiquées existent pour les grandes cuisines centrales mais elles ne sont pas adaptées pour les réseaux de petite et moyenne taille.

Notre solution a été conçue pour être accessible à tous car moins de 20% des cuisines autogérées sont équipées d’un logiciel. Nous avons travaillé sur l’ergonomie de notre produit afin que le paramétrage et la formation ne durent pas plus d’une demi-journée. Nous avons également étudié le coût de nos produits sous la forme de modules pour qu’il soit adapté à toutes les tailles de cuisines : nous équipons ainsi des clients de 40 à 8.000 couverts. Ainsi le coût moyen revient seulement à 2-3 centimes par couvert. 

Nous avons aussi conçu nativement le logiciel dans la perspective d’adapter les modes d’approvisionnement aux enjeux de développement durable. Ainsi nous proposons de sortir de la dictature de la demande et d’adapter les menus à l’offre de produits disponibles, donc aux saisons, donc aux écarts de tri et aux surplus agricoles. 

Enfin, Arthur et moi avons placé des engagements forts au cœur du projet Nona : l’entreprise est labellisée ESS et est adhérente à Tech for Good France.

Quelle est votre ambition ?

Nous souhaitons devenir un acteur majeur de la relocalisation et de la transformation de la chaîne alimentaire à travers la réorientation de la demande publique. Nous souhaitons accompagner la transition alimentaire-agro-écologique à l’échelle des territoires.

Team Maïa

Où en êtes-vous dans votre développement ?

Aujourd’hui nous sommes présents dans plus de 200 cantines à travers la France. Cela représente plus de 25 000 enfants. Si nous nous sommes concentrés initialement sur des petites communes, nous commençons à adresser des plus grosses structures avec un fonctionnement plus complexe. De plus nous nous diversifions sur des collèges, lycées, ehpads, centres de vacances …

De plus, nous avons tissé des relations fortes avec des acteurs clés de l’écosystème tels que le réseau Manger Bio, Un plus Bio, Ecocert, la FNAB …ce qui accélère notre développement.

L’avis de FoodBiome :

Nous avons fait le choix d’investir et d’accompagner Nona dans son développement car leur stratégie s’inscrit parfaitement dans le cadre de notre mission de restaurer le lien alimentation-territoire.

Nona a le potentiel de devenir une brique essentielle de l’industrialisation de la cuisine de marché, visant à adapter l’offre alimentaire en temps réel à la disponibilité d’un buffet de matière agricole de saison. Cette logique permet tout à la fois d’éviter le gaspillage en amont de la chaîne (écarts de tri, surproduction, produits déclassés…), de compléter la rémunération de l’agriculteur, de proposer des produits locaux et de qualité à un coût maîtrisé, de reconnecter le convive aux saisons et aux terroirs.

Nous apprécions également l’approche très humble, pragmatique et empathique des fondateurs, très proches des préoccupations quotidiennes de leurs clients et cohérents dans leur socle de valeurs. Une équipe dont on n’a pas fini d’entendre parler !

Rendez-vous sur leur site internet pour plus d’informations.