Pâtes Papote : 100% françaises et artisanales, fabriquées à partir du blé dur cultivé à la ferme

Entretien avec Jean-Baptiste Vervy, agriculteur et co-fondateur de la marque de pâtes Papote 

Logo des pâtes papote

Salut Jean-Baptiste peux-tu te présenter et nous dire quelques mots sur Papote ? 

Bonjour, oui bien sûr ! Je suis agriculteur-céréalier à la ferme des Grandes Tuileries à Sézanne, dans la Marne (51). Avec ma compagne Caroline, nous avons lancé la marque de pâtes artisanales Papote en 2021. Concrètement, nous avons créé un atelier de transformation de pâtes Made in France (Made in Marne) au sein de notre ferme. Nos pâtes sont 100% françaises, artisanales et fabriquées à partir de notre propre blé dur, cultivé à la ferme. 

La ferme des Grandes Tuileries - source : Miimosa

Peux-tu nous en dire plus sur vos carrières respectives et nous expliquer pourquoi vous avez choisi les pâtes pour votre projet entrepreneurial ? 

Papote est un projet de couple, qui a commencé en 2018. Caroline avait travaillé dans le secteur agroalimentaire et possédait une solide expérience en marketing, tandis que moi, j’étais agriculteur, un peu bloqué dans mon territoire, à la recherche de nouveaux projets. Nous voulions créer quelque chose qui allie nos compétences respectives. Nous aimions les pâtes, alors pourquoi pas les pâtes ? 

Plus sérieusement, en tant qu’agriculteur-céréalier, la fabrication de pâtes me permet de transformer et de valoriser une partie de ma production. De plus, je pratique l’agriculture de conservation des sols et, à l’époque, les médias dévalorisaient souvent le secteur agricole. J’avais envie d’expliquer mes pratiques et mon métier, et c’est toujours mieux de le faire à travers un produit concret. 

Jean-Baptiste et Caroline
Jean-Baptiste et Caroline

Quelle est la philosophie du projet Papote et quel impact a-t-il d’après vous sur votre territoire ? 

Avec Papote, on reconnecte directement notre exploitation avec sa finalité première : nourrir les Hommes. C’est un souhait de transparence et de confiance entre agriculteurs, producteurs et consommateurs, et pour nous, un engagement envers notre souveraineté alimentaire. Nous sommes capables de nourrir en maîtrisant toute la chaîne, de la production à la consommation, et c’est  très gratifiant ! Cela nous permet de garantir la qualité et la traçabilité de nos produits, de faire correspondre notre mode d’agriculture avec ce que l’on souhaite avoir dans notre assiette. Et au-delà de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays, je pense qu’on contribue à la fierté de notre territoire et ça nous plaît ! 

J’ai toujours rêvé de pouvoir présenter mon champ à un enfant et 6 mois plus tard, lui faire goûter mes pâtes et lui dire que ça vient de ce fameux champ, vu 6 mois auparavant ! 

Blé-farine-pâtes ; l'atelier de transformation artisanale des pâtes Papote, dans la Marne (51)

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur le marché des pâtes sèches ? 

Aujourd’hui, le marché des pâtes sèches est dominé par trois grands acteurs de l’agroalimentaire, connus et reconnus (Barilla, Panzani et Lustucru). Bien que la France soit le deuxième producteur européen de blé dur, l’ingrédient principal des pâtes, elle exporte 53% de sa production de blé dur et importe 64% de sa consommation de pâtes, principalement d’Italie. Caroline a passé de longs mois à rencontrer des producteurs déjà engagés dans la transformation du blé dur en pâtes pour étudier le marché, définir nos objectifs et déterminer l’échelle de notre projet.

À l’époque, les pâtes artisanales disponibles sur le marché étaient principalement italiennes ou bio. Nous avons alors vu une opportunité et décidé de nous lancer !

Caroline, co-fondatrice de Papote sur un marché de producteurs à Paris
Caroline, co-fondatrice de Papote sur un marché de producteurs à Paris

Créer un outil de transformation représente un investissement conséquent, comment avez-vous financé votre projet ?

Oui, c’est certain que cela représentait un investissement considérable. Nous avons cherché un financement à la fois auprès de la banque et de Miimosa pour du financement participatif et une campagne de dons avec contreparties. Cette campagne nous a permis de lancer une stratégie marketing en 2021, au cours de laquelle 182 contributeurs-testeurs, que nous avons appelés les “pasta-testeurs”, se sont exprimés sur leurs habitudes d’achat et de consommation, leurs envies et leurs attentes. Leurs retours ont clairement orienté Papote sur les formes des pâtes, les circuits de distribution et les futures références. Nous devons une fière chandelle à nos pasta-testeurs, qui nous ont aidés à aboutir à l’offre Papote ! 

Source : Miimosa
Source : Miimosa

Quels sont les principaux enjeux auxquels un producteur/transformateur comme toi fait face ?

Le transport et la livraison sont des enjeux incontournables mais d’après moi, l’autre défi majeur est d’aligner les décisions politiques avec les réalités du terrain, notamment pour les politiques de territoire. Il est crucial de rassembler et de rassurer tous les acteurs des territoires, qu’ils soient acheteurs, producteurs, ou transformateurs. Par exemple, pour les cuisiniers des cantines scolaires, il y a un véritable enjeu de formation, tant sur la saisonnalité des produits que sur les techniques de cuisine.

Chez FoodBiome on pense que la mutualisation des compétences au sein d’un réseau est un des leviers clés pour garantir la performance d’une petite structure de transformation, qu’en penses-tu ? 

Carrément ! Je l’évoque souvent avec d’autres producteurs, on devrait se rassembler, négocier ensemble, répondre aux appels d’offres ou encore acheter nos cartons ensemble… Par exemple sur les pâtes, on devrait s’associer et répondre aux marchés publics ensemble, notamment pour pénétrer des marchés comme celui de la restauration collective ; on rassurerait les acheteurs.

Il y a tellement de compétences à acquérir dans notre métier, de la culture à la vente on passe par un tas d’étapes ! Honnêtement grâce à Caroline et son oeil extérieur venu du secteur marketing de l’agroalimentaire, on a gagné beaucoup de temps et ça a permis à Papote de se différencier des initiatives de transformation à la ferme un peu poussiéreuses.. Mais je suis tout à fait pour la mutualisation des compétences et des outils. Quand je vois des collectifs comme Invitation à la ferme ou encore Green Warriors dans ma région, ça me motive pour partager mes difficultés, réussites et compétences avec d’autres !

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Où en êtes-vous dans votre développement et quelles sont les prochaines étapes ?

Initialement, notre projet était de vendre principalement en réseau de distribution et un peu en restauration collective. Aujourd’hui, la majeure partie de notre chiffre d’affaires provient de la vente directe (sur le site Papote ou sur des marchés de producteurs). Nous avons aussi une présence dans nos magasins locaux (GMS).

le packaging des pâtes papote

En ce qui concerne le développement de la marque, nous avons lancé de nouvelles sauces disponibles sur notre site internet pour accompagner nos pâtes Papote : une bolognaise végétale à base de lentilles noires de notre ferme et deux autres sauces réalisées avec des légumes de fermes locales. Plutôt que de tout cuisiner à la ferme, nous avons préféré faire un petit tour en Ile de France et collaborer avec nos acolytes gourmands, la Conserverie de la Forêt ! On propose aussi d’autres produits de producteurs-amis ; pleins de bonnes choses sont à venir ! 

L’avis de Foodbiome 

Vecteur de lien et de sens, la transformation à la ferme a de nombreux bénéfices : ré-intégrer de la valeur ajoutée sur une exploitation, développer un lien plus intime avec les consommateurs, proposer des produits singuliers se démarquant des produits de grandes marques agroalimentaires. Le  projet de Jean-Baptiste et Caroline correspond à la vision de FoodBiome, de promouvoir une alimentation de qualité par la production et transformation de proximité.

Ce sujet vous intéresse ?

FoodBiome accompagne la conception et la mise en œuvre d’ateliers de transformation alimentaire locaux.

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