Bonjour Shu, peux-tu nous présenter Pandobac et l’histoire du projet ?
Bonjour, oui bien sûr. Pandobac a été lancé avec deux autres associés au milieu de l’année 2018, sa mission principale est d’œuvrer pour la réduction des déchets d’emballages logistiques par la mise en place d’un service de location et de gestion de bacs réutilisables pour le transport de denrées alimentaires. L’idée de ce projet entrepreneurial à impact a germé lors de ma précédente expérience professionnelle : j’avais depuis quatre ans un restaurant qui fonctionnait bien et je constatais que la majorité des déchets que celui-ci générait n’étaient pas de son fait mais provenaient principalement des fournisseurs. De plus, ces emballages suivaient toujours un parcours similaire : livrés plusieurs fois par semaine par les mêmes fournisseurs au restaurant, puis jetés. Les fournisseurs n’étaient pas contre l’idée d’utiliser des bacs réemployables mais aucun ne souhaitait prendre la charge de leur gestion et aucune solution alternative le permettant n’existait alors. C’est ainsi qu’avec Anaïs et Roch nous avons commencé à véritablement explorer l’opportunité de lancer un service de réemploi en réalisant un test, qui s’est avéré très concluant, avec un grossiste sur le marché de Rungis pendant l’été 2018.
L’idée de Pandobac est simple, il s’agit de participer à la réduction des déchets d’emballage en déployant les emballages logistiques réemployés tout en proposant une solution aussi simple que du jetable. C’est-à-dire que nous proposons un service clé en main en gérant toutes les étapes que l’apport d’un emballage réutilisable dans la chaîne d’approvisionnement de denrées alimentaires implique : de la logistique à la gestion du stock en passant par le nettoyage.
Comment se déploie concrètement la solution que vous avez mise en place ?
Pandobac c’est tout d’abord un parc de caisses que nous proposons à la location et qui a été petit à petit complété par l’ajout de références et de modèles pour répondre aux besoins de nos clients.
C’est aussi une application qui permet d’assurer le suivi de nos bacs : chaque bac est tracé via un QR code unique. Cela nous permet d’obtenir des données précieuses pour le pilotage des opérations et l’optimisation de la logistique de collecte comme par exemple le taux de pertes ou encore les trajets récurrents et le nombre de cycles de chaque bac.
Nous avons également ouvert à l’été 2019 notre centre de lavage sur le marché de Rungis. À ce jour, il a été largement agrandi et amélioré par rapport à sa version initiale. Nous souhaitions développer une expertise interne en matière de lavage et d’hygiène afin d’être capable d’accompagner nos partenaires sur la base de compétences solides, ainsi nous avons fait le choix de développer notre propre outil plutôt que de dépendre uniquement des infrastructures existantes.
L’équipe est composée de quatorze personnes dont un bureau d’étude interne qui travaille au développement de solutions techniques (contenants, machines…) et logistiques (optimisation des flux) en lien avec l’équipe opérationnelle pour l’amélioration continue de notre activité. Ce bureau assure également des missions de conseil et d’accompagnement sur des sujets de réemploi d’emballages.
Enfin, nous accompagnons tous nos clients dans la mise en place de ce changement de pratique en analysant avec eux leurs besoins et leurs attentes et en assurant un suivi de la prise en main des différents outils.
Vous proposez d’ailleurs différents niveaux de prestation, peux-tu nous expliquer comment s’articulent ces différentes activités ?
La très grande majorité de nos clients choisissent le service tout compris, c’est-à-dire de la location au ramassage et au lavage des caisses. Afin d’embarquer un maximum d’entreprise dans notre démarche, nous proposons une offre dite de “suivi”. Elle correspond à la mise en place de notre service de suivi et de logistique sans la location des bacs. Elle s’adresse à des clients qui auraient déjà leur propre parc de caisses, comme par exemple certains fournisseurs en fruits et légumes et certains industriels alimentaires, et qui souhaitent en améliorer le suivi, la collecte et le lavage. Toutefois, il est de plus en plus rare que nous soyons sollicités pour ce service, la majorité de notre activité se fait sur le service clé en main.
Qui sont les principaux clients de Pandobac à ce jour et quelles évolutions avez-vous déjà pu observer en cinq ans ?
Depuis le début du projet nos interlocuteurs clés sont les fournisseurs. C’est à eux que revient le choix de l’emballage, ils sont au début de la chaîne, ainsi c’est à leur niveau que le changement doit s’opérer. Nous sommes aussi fortement en lien avec les restaurants (via des interventions dans divers évènements, congrès ou syndicats) qui sont très majoritairement partants pour opter pour des bacs réutilisables et qui peuvent ainsi être un moteur du changement côté fournisseurs. Nous menons également des discussions régulières avec d’autres acteurs de la restauration et de l’alimentaire qui peuvent identifier dans leurs activités les fournisseurs qui seraient susceptibles d’être intéressés par notre service puis nous travaillons ensuite directement avec eux pour imaginer un changement de pratiques. Plus récemment nous avons aussi commencé à travailler avec certains acteurs de la grande distribution.
De manière générale, nous avons observé une vraie différence de sensibilisation et d’avancement des projets liés au réemploi depuis le début de notre activité, la tendance est véritablement au remplacement des emballages jetables pour du réutilisable.
Quels sont les principaux avantages de la mise en place de votre service d’un point de vue environnemental mais aussi pour vos clients et les sites livrés ?
D’un point de vue environnemental tout d’abord, c’est près de 40 000 bacs que nous avons en circulation qui font des cycles toutes les semaines. Chaque bac est utilisé environ cinquante fois et nous avons actuellement un taux de perte qui s’établit à 2% contre 30 à 40% pour les emballages consommateurs ou ménagers. Nous avons mené une étude de cycle de vie de notre activité en 2020-2021 et en moyenne 0,59 kg eq CO2 et 0,3 L d’eau sont économisés dès qu’un de nos bacs est utilisé à la place d’un emballage à usage unique (linkedin).
Du côté des fournisseurs, c’est un gain économique non négligeable : notre système de location avec un coût dégressif en fonction des volumes nous permet d’être entre 10 à 30% moins cher que les emballages en carton, en bois de cagettes ou en polystyrène qui coûtent entre 0,50€ et 1,5€ (Site Pandobac).
Du côté des restaurateurs ou des cuisines centrales, le vrai plus de l’utilisation des bacs réutilisables est le gain en temps de gestion : ils n’ont plus qu’à stocker les caisses et à les restituer à la livraison suivante.
Enfin, plus généralement, notre solution participe à la réduction des flux logistiques de transport puisque les besoins en termes de ramassage sont réduits et que la plupart du temps, la personne qui passe dans le restaurant pour livrer récupère les caisses de la livraison précédente. Le remplissage des véhicules s’en trouve ainsi optimisé. Nous avons comme ligne de conduite que l’introduction des bacs réutilisables soit associée avec le minimum – voire pas du tout – d’ajout de véhicules sur les routes. Cela est fait uniquement lorsque les volumes de caisses à récupérer sont suffisants pour qu’une tournée dédiée soit mise en place, comme cela peut être le cas avec certains supermarchés.
Où se situent géographiquement vos opérations et quelle serait selon toi l’échelle idéale pour mailler le territoire d’infrastructures de réemploi ?
Nos clients sont répartis sur toute la France, ainsi nous opérons à l’échelle nationale. Nous ne disposons que d’un seul centre de lavage situé sur le MIN de Rungis, car une grande majorité des flux et donc de nos bacs y passent. Une petite partie du lavage reste externalisée dans différents sites en France.
Concernant le maillage idéal, il n’y a pas de réponse absolue. Tout dépend du remplissage des camions et de l’équilibre que l’on parvient à atteindre entre le nombre de caisses à récupérer, le kilométrage et les coûts que cela génère. Si l’on considère que les distributeurs ont optimisé la répartition de leurs centrales d’achat sur le territoire, il pourrait être pertinent d’imaginer suivre ce maillage pour l’installation de centres de lavage. Mais cela suppose d’avoir équipé un volume significatif du marché des emballages logistiques en bacs réutilisables Pandobac !
Quelles sont les prochaines étapes de développement pour les années à venir ?
Nous avons ouvert depuis un an notre activité à un nouveau type de clients que sont les industriels de l’agroalimentaire dans l’objectif de développer une solution pour remplacer les cartons utilisés en sortie d’usine. Dans ces usines, les enjeux sont différents des fournisseurs de denrées alimentaires déjà adressés : de par leur taille, l’enjeu d’automatisation prend une place importante tout comme les problématiques d’hygiène qui y sont démultipliées. Ces nouveaux défis vont certainement mobiliser nos efforts pour les prochaines années, d’autant qu’adresser ce segment est une manière pour nous de passer à l’échelle et d’accroître notre impact.
L’avis de FoodBiome
En adressant l’enjeu titanesque des emballages à usage unique, Pandobac souligne l’importance de la prise en compte de chacune des étapes de la chaîne alimentaire afin de parvenir à la construction d’un modèle circulaire vertueux. Pandobac est l’exemple-type que des solutions plus résilientes pour l’environnement peuvent aussi s’accompagner de bénéfices économiques et en temps de gestion sans pour autant nécessiter une modification profonde et contraignante des pratiques.
Une solution qui encourage les changements de pratiques pour passer peu à peu du jetable au réutilisable, et qui favorise les coopérations territoriales entre tous les acteurs de la chaîne alimentaire, pour des circuits alimentaires plus courts et vertueux.
Pour en savoir plus sur Pandobac, visitez leur site internet ici !
